Être musulman est tout à la fois un don et une responsabilité confiée par Allah. D’un point de vue moral, le musulman doit s’efforcer de cultiver certaines qualités pour viser une excellence de caractère et de comportement. Ceci pour son propre bien, celui d’autrui et de la communauté en général.

La fin ne justifie pas les moyens

A l’ère des réseaux sociaux, il est bon de souligner qu’aussi virtuel que soit ce monde, notre éthique, elle, doit rester bien réelle. Pourtant, force est de constater que l’espace commentaires est devenu, pour beaucoup, un défouloir, une tribune dans laquelle les attaques à l’encontre de l’auteur se font cinglantes et injurieuses. C’est ce qu’on appelle le phénomène des trolls. Malheureusement la communauté musulmane n’y échappe pas et compte bien des trolls dans ses rangs.

Pour dénoncer ce qu’ils estiment être un manquement, certains internautes s’autorisent – sous couvert de rappel et en s’autoproclamant garant du bien et du juste – à se moquer, à maudire et même à insulter leurs coreligionnaires.

Peut-on utiliser des procédés blâmables pour dénoncer une chose que l’on condamne ? La réponse évidente à cette question est non. Au contraire ce type d’agissement peut entrainer un mal encore plus grand, provoquer une série d’échanges déplacés etc… Cela peut également conduire à blesser et décourager un(e) croyant(e).

Plusieurs femmes ont déclaré recevoir des commentaires quotidien sur leur façon de porter le voile par exemple. Cela est devenu si prégnant qu’un certain nombre d’entre elles décident de ne plus le porter pour mettre fin au harcèlement qu’elles estiment subir.

«  C’est mieux tu enlèves ton voile plutôt que de le mettre comme ça » , « Tu fais honte à ta religion », « Si t’étais ma sœur je t’aurais déjà brûlé », « Tu vas rôtir en enfer avec ton voile 2.0 ».

Donner le bon conseil plutôt qu’être un troll

Est-on en position de donner le (bon) conseil à un(e) inconnu(e) dont on ne sait finalement rien ?  Quel est son cheminement ? Son degré de connaissance ? On peut se demander si les trolls du net se posent ce genre de questions et si leur objectif est réellement de conseiller. Certains de leurs procédés laissent à penser qu’ils ne souhaitent finalement que déverser leur contenu de manière brute et méchante.

Faisons fi de cette première impression et partons du postulat que ces trolls n’en sont pas. Qu’il s’agit en réalité de personnes animées par de bonnes intentions. Même dans ce cas, Il y a un certain nombre de précaution et de règles à connaître pour « donner le bon conseil ». En admettant, bien sûr, que l’on en sache assez pour se permettre d’interpeler l’autre.

Le prophète Mohammed ﷺ nous a ainsi transmis la marche à suivre :

  • Faire preuve de douceur
  • Faire appel à l’intelligence émotionnelle
  • Ne pas pointer une personne directement du doigt ( passer par des métaphores, des réflexions générales etc…)
  • Donner le conseil en privé
  • User d’un bon langage

Ainsi si l’on estime que l’on remplit les conditions pour conseiller, il est préférable de le faire en message privé et avec le tact requis à celui qui s’adresse à un inconnu.

Les actes virtuels sont bien réels

Les trolls ne sont pas uniquement à dénoncer lorsqu’ils attaquent leur frères et sœurs musulmans mais de manière générale. C’est en tant qu’individu que chacun doit se soucier de son comportement et de ses mots peu importe à qui il les adresse.

La littérature religieuse et les textes fondamentaux de l’Islam sont clairs sur l’importance de la bonne parole et condamnent unanimement la moquerie, l’injure, la médisance etc… Bien évidemment les textes d’époques ne se sont pas penchés sur la question des commentaires et écrits sur le net qui n’existaient alors pas encore. Les savants contemporains assimilent quant à eux ce type d’écrit à la parole et les auteurs auront à répondre de leurs actes. 

Quiconque fait un bien fût-ce du poids d’un atome, le verra, et quiconque fait un mal fût-ce du poids d’un atome, le verra.

Sourate 99 – Al Zalzalah ( La secousse ) – Versets 7 et 8

Il est ainsi bon de se rappeler – à soi-même cette fois ! – que notre comportement en ligne fait partie de notre comportement de manière générale. L’intermédiaire qu’est le clavier ne doit pas être une excuse pour se permettre tous les excès et succomber aux mauvaises suggestions de l’âme.

Chez les plus jeunes aussi, il faut sensibiliser et éduquer à l’usage des médias comme on le ferait pour d’autre domaine de la vie quotidienne. Ils grandissent dans un monde super connecté où l’on poste et commente en continu sur tout et rien. Ils nous incombent donc non seulement de les protéger des trolls qui pourraient les attaquer mais aussi de veiller à ce qu’ils n’en deviennent pas eux mêmes.