Il y a des périodes de la vie où on se sent perdu(e). On a du mal à apprécier l’instant présent car il est différent de ce qu’on s’était imaginé. Ces périodes sont propices aux ruminations et à l’anxiété. Le quotidien est alors géré en pilote automatique tandis que nos pensées sont focalisées sur le passé ou l’avenir. L’islam nous donne les outils pour surpasser ces appréhensions et s’ancrer davantage dans le présent. 

Laisser le passé au passé

Les choix, les paroles et les actes de notre passé sont des expériences. Elles nous permettent d’apprendre, de comprendre et de se confronter à soi mais aussi à l’autre. Ces expériences peuvent laisser une trace négative en nous lorsque nous avons traversé des épisodes douloureux qui nous inspirent le regret ou la honte par exemple.
C’est complétement humain de ressentir ce type d’émotions et c’est d’ailleurs sain de les accueillir, de les accepter puis de les laisser nous traverser. C’est souvent avec cette dernière étape que nous avons le plus de mal. Lorsqu’on ne laisse pas ces émotions nous quitter, on s’y accroche, on rumine, on ressasse et c’est délétère pour notre santé mentale.

Le prophète Mohammed   a dit : « Si un malheur t’afflige, ne dis pas : « Si seulement j’avais fait ceci ou cela ! » Dis plutôt : « Tel est le décret d’Allah, et Il fait ce qu’Il veut. » Car [la particule] « Si » ouvre la porte aux suggestions du diable. » [Muslim]

En tant que musulman(e)s, nous croyons que tout ce qui nous arrive fait partie du destin voulu par Allah. Le passé, aussi douloureux soit-il, ne peut être changé. Il s’est déroulé selon la sagesse divine. C’est pourquoi il nous revient de le laisser derrière nous et de l’accepter en plaçant notre foi en Celui qui connaît ce que nous ignorons.

Arrêter de s’inquiéter de l’avenir

Redouter l’avenir et anticiper les malheurs est, d’une certaine manière, encore plus pesant que de ressasser le passé. Combien de fois avons-nous imaginé le pire, construit des scénarios catastrophes… qui ne se sont finalement jamais produits ?
À quoi bon souffrir de ce qui n’est pas encore — et peut-être ne sera jamais ? Si rien ne se passe, l’angoisse aura été une souffrance inutile. Et si le malheur survient malgré tout, on en aura souffert deux fois : d’abord dans l’attente anxieuse, puis dans l’épreuve elle-même… qui était inévitable puisque destinée.

Le prophète Mohammed   a dit : « […]Sache que si tout le monde s’associait pour te faire du bien, ils ne pourront te faire que le bien qu’Allah a déjà écrit pour toi. Et sache que s’ils se rassemblaient tous pour te faire du mal, ils ne pourraient te faire que le mal qu’Allah a déjà écrit pour toi. Les plumes ont été levées et l’encre a séché » [Tirmidhi]

Un esprit apaisée grâce au détachement et au tawakkul 

Si nous n’avons la main ni sur le passé ni sur l’avenir, nous avons cependant tout le loisir d’embrasser pleinement le présent. Et ceci, au contraire du reste, renferme d’énormes bénéfices.

Vivre dans le présent ça ne veut pas dire que le passé ou le futur n’existe plus, mais c’est s’en détacher. La seule chose que nous pouvons faire concernant notre passé, c’est d’en tirer les enseignements pour mieux avancer aujourd’hui. Quant au futur, nous pouvons œuvrer maintenant à le bâtir, en étant actifs, organisés, prévoyants… en nous rappelant que nous ne sommes responsable que de nos efforts ( les causes ) et que le résultat appartient à Allah. 

On en revient ainsi à une notion clé en islam, le tawakkul : confier notre affaire à Allah, tout en agissant avec sérieux et confiance, convaincus qu’Il choisira toujours ce qu’il y a de meilleur pour nous.

Cultiver la gratitude : apprécier ce que l’on a ici et maintenant

Quand on cesse de se concentrer sur ce qui nous manque ou sur ce qu’on a perdu, on redevient attentif à tout ce que l’on possède déjà. Tous ces bienfaits que l’on vit au quotidien, parfois sans fournir d’efforts commencent à nous sauter aux yeux. Vivre dans l’instant permet de laisser davantage de place à la reconnaissance, d’être plus positif et de mener ainsi un quotidien plus agréable.

« Si vous êtes reconnaissants, très certainement, J’augmenterai [Mes bienfaits] envers vous »
[Sourate Ibrahim – verset 7]

Se connaître et vivre en accord avec ses valeurs 

Plus on ancre son attention dans le présent, plus on devient disponible et attentif à soi. Cela nous permet d’être plus à l’écoute de notre corps, de nos pensées et de nos émotions. C’est ainsi qu’on apprend à se connaître, à repérer ce qui nous fait du bien de ce qui nous pèse insidieusement.
Affiner notre connaissance de soi c’est mûrir et grandir. Comment ? En étant plus aligné dans nos choix, plus lucide sur nos limites, et plus fidèle à qui l’on est vraiment. 

Tout ceci est à reconnecter et à vivre au travers du prisme de l’islam qui nous invite à travailler sur notre personne pour nous et notre entourage dans un premier temps et plus largement pour la communauté et l’ensemble des créatures.