Quatre jeunes britanniques dans la fleur de l’âge, cultivés et éloquents choisissent de quitter leur pays vers un idéal de société loin des déterminismes sociaux. Ils souhaitent concourir à la création d’un état basé sur les préceptes de l’islam, pour vivre en harmonie avec eux-mêmes.

Derrière ces nobles intentions, rien d’autre qu’un écran de fumée. La réalité reprend ses droits et laisse place à l’horreur et la cruauté de la torture et de la guerre. Ces jeunes font ainsi face à des conditions de vie difficiles et précaires mais pire encore à une croyance creuse, basée sur l’orgueil et la folie de quelques uns plutôt  que sur les préceptes de l’islam authentique.

Ce pitch est celui de «The state», mini série en quatre épisodes réalisée par Peter Kosminsky pour channel 4.

Outre manche, la fiction a fait couler de l’encre et a partagé les médias.  Certain accusent la chaine et le réalisateur de jouer le jeu de Daesh en glamourisant le djihad. L’organisation terroriste s’est démarquée par sa maitrise des outils de communication notamment par la diffusion de vidéos de propagande léchées où l’Irak et la Syrie sont presque présentés comme des clubs de vacances. c’est d’ailleurs ainsi que Shakira, l’une des protagonistes de la série qualifie Daesh.

D’autres médias anglais voient au contraire dans «The state» une manière d’exposer les raisons d’un tel engagement et de les confronter à la réalité sur place. Cet exposé permettraient ainsi de dissuader les jeunes de s’engager dans cette voie.

                                                 

Si la série suscite une telle polémique c’est en partie à  cause de son rythme narratif. Dans les deux premiers épisodes, le spectateur se laisse porter par les illusions des quatre jeunes et s’attache a eux. C’est seulement dans les deux derniers épisodes que les masques tombent. C’est pourquoi le Daily Mail, journal conservateur rappelons le , espère qu’aucun « jeune spectateur musulman soit séduit pas sa [ndlr. du réalisateur] vision », allant jusqu’à comparer la série à un film de propagande Nazi.

Du côté du grand public, la série a reçu un bon accueil avec 1,4 millions de téléspectateurs dés le premier épisode. La date de diffusion, trois jours après les attentat de Barcelone a cependant fait grincer des dents.

Qu’on aime ou qu’on déteste, on doit reconnaitre que le réalisateur a fourni un travail de recherche approfondi afin de produire une telle série. Pour «The state», Peter Kosminsky a effectué dix-huit mois de recherches durant lesquels ils s’est notamment entretenu avec d’anciennes recrues de retour au Royaume-Uni. Son travail a d’ailleurs été salué par le chercheur Charlie Winter du centre de recherche international pour l’étude de la radicalisation.

La série The State  est diffusée en France sur canal+ ce mois de septembre 2017.